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Alice Baude

Bassin du Commerce

Œuvre Éphémère Bassin du commerce Une installation au croisement de la matière, de l’espace et du langage

Quel espace plus poétique que la pellicule de l’eau pour y glisser des mots ?

Dans ces mots, y voyez-vous le ciel ? Réalité, sans cesse changeante. Les dollars, les pluies et les soufflent circulent. Dans ces mots, y voyez-vous la matière à l’emporte-pièce et puis le liquide qui seul influe en nous, hors de nous, toujours ? C’est une tentative de conjuguer les flux permanents et les miroirs à facettes. L’air et l’eau se rencontrent. En cette pellicule il y a quelque chose qui s’échappe, qui s’envole, qui brille : qui est un poème.

Magie des processions de nuages au visage de la lettre, qui nous regarde, que l’on regarde en tenant aux eaux comme en un rêve de profondeur. Laissant plonger la chamaillerie du temps pour entendre le bruit de ces marées. Liquides. Le liquide pour seul réel. Consonnes liquides. La diction est un cours d’eau, un ruisseau qui passe entre les lèvres. Ecoulement du temps, mouvements du réel. Ouvrir les termes, pour ouvrir les idées. Autant de possibles à la dérive, autant de fleuves à remonter. Le sel qui brûle et les courants qui grondent. Les dérives se renouvellent et les abstractions deviennent des mirages. A fleur d’eau, la solidité d’une phrase qui en appelle d’autres : une formule incantatoire, formule mathématique, formée de technicité, formée d’un improbable mélange de sensations et de prédictions.

Liquide comme une mer absolue et définitive, avalée de toutes les éventualités, de toutes les présuppositions. Réelle comme l’exploration erratique dans cette usine floue de l’écriture. Je veux parler de l’absence de contours. L’eau fait ses voyages, sans nous attendre, sans nous avoir attendus. Parfois bulle spéculative, autre fois nappe phréatique, oasis ou pluie normande. Les molécules se fraient chemin, les molécules sont à la fois libres et marquée au fer rouge de notre nécessité vitale. Dans la houle, en mer, nous nous accrochons à la ligne de vie. Dans la foule, en ville, nous nous accrochons à nos croyances. Pas plus de certitudes que de terre à l’horizon. Pas plus de stabilité que le cours des actions.


Alice Baude

Alice Baude

Née en 1995
Vit et travaille au Havre


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