Les forces naturelles, il sait les dompter avec grâce. Entre autres faits d'armes, le plasticien Stéphane Thidet a pétrifié des plantes vertes, stoppant net leur croissance, en les étouffant sous un glaçage d'argile. Il a lâché une meute de loups, sorte de happening animal, dans les douves du château des Ducs de Bretagne, à Nantes. Il a généré des déluges intérieurs avec son Refuge, cabane tout sauf hospitalière dans laquelle s'abattaient des trombes d'eau.
La chose aquatique, particulièrement, titille le plasticien qui, à travers elle, se plaît à troubler « l'ordre des choses ». Oubliez les piscines lambda, ancrées dans le sol comme l'exige la gravité : Stéphane Thidet, avec son complice Julien Berthier, les creuse dans le plafond en vrai maître du sens dessus dessous. Mais c'est quand il s'empare de l'eau comme d'une toile de peintre qu'il s'avère le plus poète.
Les Parisiens se rappelleront longtemps de son intervention au Collège des Bernardins : on y admirait des troncs centenaires en suspension, dont le balancement traçait des dessins éphémères sur un miroir d'eau. Plus sombre, on lui doit encore cette faux tournoyante qui caressait, mi-sensuelle mi-menaçante, la surface inondée d'une cave d'Ekaterinbourg, dans l'Oural. Une grande faucheuse en pleine cérémonie macabre ? Peut-être, tant le plasticien aime convoquer les esprits de tout poil : hantant son œuvre, citons ce Fantôme, ces Corps Morts ou cette Dame Blanche. Naturelles comme surnaturelles, l'art de Stéphane Thidet se mesure à toutes les forces.
À voir du 20 mars au 1er novembre.
De 7h à 24h, les jets s'activent tous les quarts d'heures, pour une durée de 3 minutes.