Occuper les espaces, en modifier les perceptions, en interroger les limites : ce sont les questionnements qui alimentent le travail de Veit Stratmann, artiste profondément influencé par le mouvement de l'avant-garde.
Ce courant artistique, apparu dans les années 60, se caractérise par une remise en question des institutions et des règles du marché de l'art, défiant alors ses limites, jouant avec toutes ses contradictions.
Au cours de ces dernières années, Stratmann porta ce sens de l'ironie avec lui, bouleversant les agencements des espaces d'exposition pour semer le trouble chez le spectateur ; comme lorsqu'il supprime la vitrine de la galerie Roger Tator en 1998, supprimant littéralement la limite entre le « monde » artistique et l'extérieur.
Les objets qu'il crée sont d'une esthétique volontairement quelconque, utilitaire, faits de matériaux industriels : il réduit ainsi l'écart entre le réel et l'art, ce dernier n'ayant plus pour vocation à être beau ni spectaculaire. Dans l'espace public, ils s'ajoutent simplement, apportant une légère modification à l'environnement que l'on connaît, invitant à les approprier : il s'agit de ne plus être seulement spectateur.