C'est un phare spirituel, toisant le port du Havre, que les marins peuvent apercevoir depuis la mer. C'est l'œuvre-phare, aussi, d'Auguste Perret, l'architecte qui remodela la ville après-guerre. Quand on pénètre dans l'église Saint-Joseph, mémorial élevé en hommage aux victimes des bombardements alliés de septembre 1944, on est d'abord frappé par la rigoureuse majesté des lieux : la sobriété règne ; la structure en béton brut en impose. Il faut s'avancer ensuite dans la nef pour voir s'élancer, à 107 mètres au-dessus du sol, une extraordinaire tour-lanterne à section octogonale reposant sur quatre énormes piles. Quadrillée de 12 768 verres colorés, elle filtre et dore étonnamment la lumière.
On doit ce spectacle à Marguerite Huré, pionnière de l'abstraction dans l'art sacré et fidèle complice de Perret qui lui confia, quelques années plus tôt, une partie des vitraux de l'église Notre-Dame du Raincy. Car l'architecte n'est pas à son coup d'essai en matière de bâtisses religieuses. On lui connaît un clocher dans la Creuse, une chapelle dans le Val-d'Oise, une autre en Saône-et-Loire, ou encore, en 1926, un projet avorté pour la basilique Sainte-Jeanne d'Arc à Paris, dont les plans ont largement inspiré l'église Saint-Joseph.
Auguste Perret, mort en 1954, ne verra jamais sa grande œuvre du Havre achevée. Les travaux titanesques seront poursuivis, jusqu'en 1957, par ses collaborateurs Raymond Audigier, Georges Brochard et Jacques Poirrier, et il faudra attendre 1964 pour que l'autel majeur, réalisé dans le chœur de l'église par l'architecte Guy Verdoïa, soit consacré.
Église Saint-Joseph
Une installation sonore dans laquelle l'artiste rétablit le lien entre la mer et cette tour-lanterne en béton brut de 107 mètres de haut.