La Lune s’est posée au Havre et plus précisément dans l’un des bassins du square Saint-Roch.
L’astre repose sans gravité, au cœur de la végétation ; une image surréaliste prend forme, pose les prémices d’une histoire fabuleuse. La Lune ne pouvait pas mieux tomber, dans cet écrin romantique et arboré. Habituellement insaisissable, elle prend ici de l’épaisseur et de la matière, et sa surface évoque d’ailleurs le béton granuleux des surfaces du centre-ville reconstruit. La comparaison entre cet objet et la ville portuaire ne s’arrête pas là : « Le Havre c’est comme la lune, c’est gris, c’est loin, personne n’y va et pourtant c’est un endroit fascinant.
En pensant Le Havre on pense immédiatement à l’opposition très présente dans la ville avec la terre / la mer, l’ancien / le contemporain, la fluidité de l’eau et la dureté du béton, matériau privilégié pour la reconstruction de son centre. J’ai souhaité créer une installation qui inciterait les gens à venir voir Le Havre, unique ville où « la lune s’est posée ». Cette installation allégorique pourrait alors exercer son attraction sur les visiteurs comme le fait la lune sur les marées. Cet objet est également un hommage au matériau utilisé pour la reconstruction du centre-ville car il y a un lien visuel étroit entre la roche lunaire (la régolite) et le béton. La lune, intrigante et mystérieuse partage avec Le Havre plus qu’un passé commun avec sa surface impacté de débris stellaires qui rappellent les bombardements de 1944 subis par la ville. L’installation est posée à la surface de l’eau dans un bassin du Square Saint-Roch, un lieu emblématique et privilégié par les Havrais pour se promener et flâner. Un lieu dans lequel l’œuvre renforcera cette atmosphère poétique, la portant ainsi à son acmé. Éclairée la nuit tombée, lorsque l’eau devient noire comme de l’encre, l’œuvre devient mirage. » Arthur Gosse