Deux cents goélands occupent les rebords de fenêtres de la tour de l’Hôtel de Ville. Ce bâtiment symbolique, majeur, semble pris d’assaut par ces volatiles bien familiers des rues du Havre.
Il s’agit de l’œuvre de Patrick Murphy, artiste, designer et curateur. Ce passionné de design, fondateur de plusieurs événements centrés sur le sujet tels que la Design Sheffield Week, avait déjà créé par le passé plusieurs nuées de pigeons ; l’une d’elle investissait les recoins des bâtiments de la biennale d’art contemporain de Liverpool en 2012. Cette installation portait alors le nom de Belonging. Un mot anglais, signifiant une impression que l’on ne peut traduire que par ces mots en français : Sentiment d’appartenance.
Reproduits et démultipliés, les goélands forment ici une vision inquiétante, une menace planante, qui peut nous rappeler le film d’épouvante Les oiseaux d’Alfred Hitchcock.
Sentiment d’appartenance (à chaque oiseau son nid est beau) se fait l’écho des rapports ambiguës que nous entretenons avec ces animaux coutumiers de nos villes : entre méfiance et tolérance, la cohabitation est à construire et à équilibrer. Il faut lutter contre le sentiment d’inquiétude ou de rejet face à cet « envahissement ». D’après les mots de Patrick Murphy, pigeons et goélands servent une réflexion anthropomorphique dans son travail, c’est-à-dire comparable à certaines situations humaines. Et nous montrent une façon de trouver sa place malgré tout, au sein d’un territoire partagé.